La recherche amoureuse au fil du temps

La recherche amoureuse au fil du temps

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A l’heure du numérique, envisager de faire « LA » rencontre de notre vie à distance, en visualisant des profils sur un écran nous parait tout à fait normal, entré dans les mœurs, mais relativement récent. Or, si l'on se penche sur l’histoire de la rencontre, on s’aperçoit que la médiation amoureuse existe depuis longtemps. Nous étudierons dans cet article les différents supports destinés à faciliter la rencontre amoureuse qui ont traversé le temps, des petites annonces aux sites de rencontre, en passant par les agences matrimoniales, le bal populaire et le Minitel rose !

 

Des petites annonces dès la Révolution française !

C’est en effet aux lendemains de la Révolution qu’apparaissent les prémices du courtage matrimonial. Deux journaux, Le Courrier de l’hymen et Le journal des Dames publient les premières petites annonces visant à favoriser les unions. L’historienne Claire-Lise Gaillard explique qu’un « bureau de confiance », l’ancêtre de l’agence matrimoniale, leur est rattaché. Le but étant, dans un esprit révolutionnaire et patriotique, de promouvoir l’égalité des chances en ne réservant pas uniquement les bons partis aux familles aristocrates.

 

Les premières agences matrimoniales

C’est en 1810 qu’un certain Claude Villiaume, agent d’affaires cherchant à se démarquer, crée la première agence matrimoniale. Il centralise les offres et les demandes et malgré la mauvaise image que véhicule son activité, en fait de la publicité en proposant dans les journaux quelques petites annonces. Ainsi peut-on lire le 3 janvier 1812 dans Le Journal de la France : « On désire marier une demoiselle de 17 ans, belle, modeste et douée d’esprit naturel, mais n’ayant pour fortune que des espérances fondées sur le retour aux colonies. S’adr. À M. Villiaume, rue Neuve-S-Eustache, n° 34, à l’agence générale ». Mais c’est Henri Charles Napoléon de Foy qui professionnalise vraiment cette branche. Il crée la première officine exclusivement destinée aux mariages. Il fait légitimer son activité auprès des tribunaux. Il a l’art d’organiser des rencontres dans des lieux de société prisés comme l’Opéra et possède même un réseau d’informateurs pour enquêter sur les demoiselles. Il se rémunère sur la dot en prenant 5 à 10% de son montant. Car ne nous voilons pas la face, si les mariages d’amour représentaient bien un idéal au XIXe siècle, ils restaient basés sur l’argent avec comme élément clé, la dot … On estime qu’en 1911, 150 agences matrimoniales opèrent à Paris et qu’il en existe une dizaine dans chaque grande ville de Province.      

 

L’essor des petites annonces

L’émergence de la presse à grand tirage à la fin du XIXe siècle voit le retour des petites annonces matrimoniales qui se multiplient. C’est avant tout la rubrique dédiée du Chasseur Français, magazine créé en 1885, qui révolutionne le secteur. Après la Première Guerre mondiale, le mensuel circule largement dans les campagnes. On note que les références physiques et morales sont enfin présentes dans les annonces et plus seulement les critères économiques. Mais le recours à ces annonces reste tout de même tabou. Le célibat est alors vu comme un échec et utiliser un intermédiaire alourdit encore la représentation qu’on peut s’en faire. D’autre part, les grandes familles craignent pour leur réputation et qu’on puisse penser à une union avec « tache », c’est-à-dire que leur fille ne soit plus vierge, ou déjà enceinte. A une époque où la religion est omniprésente, le courtage matrimonial est particulièrement mal vu… On estime qu’en 1930, seuls 3% des couples se seraient rencontrés par petites annonces …

 

Le bal, « institution marieuse »

Tout au long du XIX siècle, les rencontres de proximité prévalent: les rencontres de voisinage, celles chez des particuliers, au travail, dans les lieux publics. Mais l’endroit emblématique est le bal. Jusqu’aux années 1970, celui-ci occupe une place centrale dans la formation des couples, ce qui lui a valu d’être qualifié d’ « institution marieuse ». C‘est en effet le lieu idéal où les hommes et les femmes peuvent échanger des regards, oser s’aborder et amorcer un premier contact physique en dansant … La plupart des parents et grands-parents des personnes nées avant les années 1960 se sont rencontrés au bal. De 1915 à 1983, ce sont surtout les catégories populaires : ouvriers, employés, agriculteurs et artisans commerçants qui font connaissance sur la piste de danse ; moins les professeurs et cadres.

 

Du Minitel au boom des sites de rencontre 

Le minitel, cette petite boite beige emblématique voit le jour en France en 1982. Il a été, au vu de la diversité des services proposés en ligne (annuaire téléphonique, vente par correspondance, jeux en lignes ...), précurseur de nombreuses applications numériques que nous utilisons aujourd’hui. Par extension, les systèmes de messagerie, incarnés notamment pas le Minitel Rose (« 3615 Ulla » vous rappelle-t-il quelque chose ? :-) ont ouvert la voie aux sites de rencontre, permettant aux utilisateurs de tisser des liens et de partager des moments privilégiés à travers l’écran. L’avènement d’Internet dans les années’ 90 marque l’émergence des premières plateformes de rencontre. En France, NetClub.fr, pionnier en la matière, est créé en 1997. A la base généralistes, ces sites se spécialisent. C’est le cas du Club-50plus, qui a été le premier à cibler les personnes « matures » :-) Les sites de rencontre ont connu une croissance exponentielle car ils permettent de faire connaissance en toute discrétion, hors des cercles de sociabilités habituelles.

 

Que vous inspire ce sujet ? Avant l’avènement du numérique et des sites de rencontres, avez-vous eu recours à d’autres vecteurs pour faire des rencontres ? Vos parents, grands-parents, etc. vous ont-ils raconté des anecdotes croustillantes ? Vos témoignages nous intéressent !

Photo : Archives Le petit Courrier

charlotte4575, 30.01.2025