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Les textes érotiques existent depuis la nuit des temps. Qu'ils nous viennent de la Grèce Antique dont les premiers représentants sont Alcman ou Saphoo, la Rome Antique avec Catulle ou Ovide ou bien sûr d'Orient, avec des œuvres centrales telles que les Milles et une Nuits ou le Kamasutra… Mais ce genre littéraire, dont le but est d’éveiller le désir sexuel chez le lecteur en explorant les plaisirs de l’amour, connait depuis une dizaine d’années un succès croissant. Comment l’expliquer ? Le lectorat a-t-il aussi évolué ? Que nous apportent ces textes ? Petit tour d’horizon…
La littérature érotique se démocratise …
Si la lecture de récits sulfureux a longtemps été taboue, les livres érotiques trouvent aujourd’hui une place de choix dans les rayons des libraires et sur les étagères des particuliers. D’après une enquête récente Opinionway pour les éditions La Bourdonnaye, plus d’un français sur deux déclarent avoir lu une ou deux, voire plusieurs fois de la littérature érotique. C’est surtout l’ouvrage « cinquante nuances de Grey » de la britannique E.L James dont le premier tome est sorti en 2012 qui a marqué un tournant dans l’histoire de ce genre littéraire. Avec une scène « hot » en moyenne toutes les vingt pages mettant en scène les deux protagonistes dans des positions et décors inédits, il a démocratisé la littérature érotique. Ce genre a connu un nouveau boom au moment de la crise sanitaire, comme le confirme Anne Hautecoeur, directrice générale de La Musardine, maison d’édition et librairie érotique : "le confinement a provoqué un refuge vers l'érotisme, comme on a pu le voir avec la prise d'assaut des sex shops " [à la veille des restrictions sanitaires]. C’est aussi sans doute cet engouement qui a poussé l’association les Avocats du Diable à lancer en 2015 le prix de la nouvelle érotique avec un format inédit : les auteurs participants sont invités à rédiger une nouvelle en une nuit. Un contexte de situation et un mot final sont imposés et dévoilés dix minutes avant le top départ de la performance…
… et touche un nouveau public, essentiellement féminin !
L’ouvrage « cinquante nuances de Grey » dont nous parlions plus haut a également participé à l’émergence d’un phénomène : le mum porn – littéralement le « porno pour maman ». En s’intéressant de plus près à l’évolution du marché du livre érotique, on se rend compte en effet que le principal basculement se fait du côté du rôle des femmes : d’une part, elles sont de plus en plus consommatrices mais aussi actrices puisque les autrices de ce genre sont aujourd’hui nombreuses et largement reconnues. Et tendent à s’éloigner du style de la simple romance en proposant des récits hautement qualitatifs dans lesquels la femme s’affirme davantage. Les héritières de Pauline Réage (et son Histoire d’O qui fit scandale dans les années 50), de Catherine Robbe-Grillet, Régine Deforges, Virginie Despentes ou encore Catherine Millet se nomment Emma Becker, Zoe Vintimille, Rose Brunel, Virginie Bégaudeau ... et se démarquent par une touche résolument féministe. Ce phénomène reflète évidemment l’évolution de la place de la femme dans la société qui, d’une image soumise et maternelle, revendique aujourd’hui ouvertement son droit au plaisir. Les livres érotiques, source de fantasmes, qui tissent des liens entre amour et sexualité, semblent répondre à leurs attentes, davantage que le porno, qui nie souvent le désir et la sensualité et pose un regard stéréotypé sur les relations sexuelles avec des images figées qui se répètent à l’infini… Alors qu’il y a 40 ans, le lecteur type était masculin, plutôt âgé avec comme référence principale les livres de San Antonio, le public s’est élargi. Non seulement les femmes s’y sont mises, mais les couples également, qui n’hésitent pas à venir choisir en librairie de la littérature coquine !
Pourquoi un tel engouement ?
Tout comme la littérature générale, le genre érotique permet au lecteur de s’échapper de son quotidien, en se plongeant dans un nouveau cadre spatio-temporel et dans la peau d’un personnage. Mais le plus est évidemment la dimension sensuelle qui tend à stimuler la libido du lecteur en le faisant fantasmer. Cela permet à certaines personnes de retrouver le chemin du désir et de proposer à son ou sa partenaire de nouveaux échanges, voire de nouvelles pratiques érotiques. Alors que le rythme métro-boulot-dodo met souvent à mal la libido, le couple peut s’inspirer de certaines scènes « hot » pour repenser sa sexualité, casser la routine en explorant d’autres lieux, positions et en utilisant certains artifices ! Pourquoi d’ailleurs ne pas partager des moments de lecture pour faire monter la température ? Le lecteur peut tester différents degrés d’écriture, du plus « soft » au plus « hard », mais contrairement aux films pornos, la dimension cérébrale propice à nourrir son imaginaire s’active. Enfin, le genre érotique pousse souvent le lecteur à l’introspection : en fonction des fantasmes et désirs que des scènes du livre lui inspirent, il peut s’interroger et en découvrir davantage sur sa propre personnalité.
Les incontournables de la littérature érotique
Voici une petite sélection de dix ouvrages :
Histoire d’O de Pauline Réage
L’amant de lady Chatterley de D.H. Lawrence
June de Virginie Bégaudeau
L’Amant de Marguerite Duras
Vénus Erotica d’Anaïs Nin
Ugly Love de Colleen Hoover
Tropique du Cancer d’Henri Miller
Beautiful Bastard de Christina Lauren
Histoire de l’œil de Georges Bataille
Cinquante nuances de Grey de E.L. James
Avez-vous eu l’occasion, ou lisez-vous régulièrement de la littérature érotique ? Quels bienfaits en retirez-vous ? Avez-vous quelques recommandations de lecture à nous faire partager ?
Photo © Adobe – Auteur : mariesacha
charlotte4575, 12.10.2023
