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Alors que les individus sont devenus plus affirmés et autonomes dans leur manière de penser et par extension de voter, et après une phase particulièrement mouvementée en France qui a donné lieu à des débats enflammés, il semble intéressant de se poser la question de l’influence de la politique au sein du couple. Est-elle une thématique importante et généralement débattue entre les conjoints ? Ces derniers ont-ils tendance à mettre le même bulletin dans l’urne ? Nous nous demanderons si le couple doit partager les mêmes convictions politiques pour durer et si au fil du temps, les conjoints n'ont pas tendance à s’influencer mutuellement. Nous nous demanderons également si les divergences existantes, en venant nourrir la relation, ne se transforment pas au contraire en atout …
Convergences politiques, condition nécessaire au bon fonctionnement du couple ?
La politique semble être un sujet important au sein du couple puisque 60% des personnes interrogées par le Cevipof déclarent en parler dans la sphère intime. Cela étant posé, les conjoints partagent-ils généralement les mêmes opinions politiques ? Il semblerait que oui : une enquête de l’IFOP datant de 2017 montre que 75 % des personnes en couple se disent du même bord politique que celui de leur conjoint, alors que 16% revendiquent une orientation différente. Ce constat n’est pas vraiment étonnant, car comme l’explique la sociologue Anne Muxel, directrice de recherche au Cevipof, les conjoints se sont choisis, et contrairement à la relation qui peut unir deux personnes d’une même famille, leur lien repose sur une « convergence d’affinités » et engage leur « identité profonde ». Or, nos convictions politiques sont au cœur de cette « identité profonde ». Elles représentent des valeurs auxquelles nous sommes particulièrement attachés et il semble ainsi difficile de s’accorder avec un partenaire qui ne les partage pas. En schématisant, on peut penser qu’un couple aura par exemple du mal à trouver son point d’équilibre si l’un des conjoints prône davantage de justice sociale via un plus grand interventionnisme étatique alors que l’autre défend une vision libérale basée sur la concurrence entre les individus. Ces divergences sont également susceptibles de poser problème sur le plan de la transmission : les enfants peuvent-ils dans ce contexte se construire sereinement et les parents se mettre d’accord sur les grands principes d’éducation ?
Évolution idéologique possible au sein du couple
Il ressort des sondages que la question politique se pose rarement au tout début d’une relation et n’est pas d’emblée un critère dans le choix d’un ou d’une partenaire. On peut bien entendu tomber amoureux sans avoir aucune idée des orientations politiques de l’autre. Mais 22% des Français(es) déclaraient en 2022 à l’IFOP avoir renoncé à poursuivre une relation avec quelqu'un alors même qu'il leur plaisait à cause de « divergences politiques », un chiffre qui monte à 50% pour les moins de 25 ans. Pour certaines personnes militantes en revanche, dont les convictions politiques sont utilisées comme un marqueur d’identité fort, le choix du, ou de la partenaire, doit d’emblée correspondre à leurs idéaux. De même, une majorité d’individus dont les positions sont modérées affirment écarter la possibilité d’approfondir une relation avec un partenaire adhérant à des idées extrémistes.
Anne Muxel remarque cependant qu’au sein des couples dont les idées divergent mais qui ont fait le choix de rester ensemble, une « socialisation conjugale » opère au fil du temps. A force de vivre ensemble, de partager le quotidien, de suivre l’actualité et les débats conjointement, on note un rapprochement des idées de chacun des partenaires. Mais l’inverse peut aussi se produire : un des conjoints peut par exemple se radicaliser, et perturber ainsi la relation. La politique devient alors le plus souvent tabou : il y a une espèce d’accord tacite qui se fait : on n’évoque plus le sujet pour ne pas bousculer dangereusement la relation…
Et si des idées politiques divergentes étaient une source d’enrichissement ?
Apparemment, être accordé idéologiquement serait bénéfique au couple. Toujours selon l’étude de l’IFOP de 2017, les personnes « très satisfaites » de leur couple sur le plan sentimental sont plus nombreuses (54 %) quand leur conjoint est du même bord politique qu'elles, que quand il/elle est d'un bord différent (43 % de « très satisfait »).
Dans le cas de convictions politiques divergentes, Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie, met en exergue un point essentiel pour que le couple reste solide : « La tolérance de l’autre. Sans ça, il n’y a pas de relation. » On peut justement se demander si partager des idées politiques différentes ne peut pas être enrichissant pour le couple, et par extension pour les enfants. Cela nous apprend à écouter l’autre ; à accepter qu’il ait des idées différentes et nous encourage à être respectueux et tolérant. Le débat d’idées est intéressant, il nous pousse à nous remettre en question et à envisager d’autres alternatives que celles retenues jusqu’alors. Il évite que la relation ne reste figée et entretient ainsi notre esprit critique. Les discussions au sein du foyer peuvent également être un plus pour notre culture générale. Elles nous amènent souvent à approfondir nos connaissances sur certains courants de pensées et sur le fonctionnement de nos institutions…
Avez-vous toujours été « en phase » politiquement avec votre partenaire ? Est-ce une condition fondamentale d’après vous à la bonne marche du couple ? Avez-vous au contraire fait l’expérience d’une relation basée sur des convictions politiques divergentes ? Si oui, l’avez-vous vécu comme un obstacle, ou au contraire un atout ? Vos témoignages nous intéressent !
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charlotte4575, 01.08.2024
